dimanche 5 septembre 2010

Compte-rendu de la conférence n° 3 : Inclusion de la maison-atelier de Luis Barragán dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco

La conférence sur l’inclusion de la maison-atelier (1947-1948) de Luis Barragán dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco a eu lieu le jeudi 19 août 2010. Elle fut donnée par Mme Catalina Corcuera, architecte et grande admiratrice de Luis Barragán.

Durant cette visite conférence de la maison-atelier, elle nous a entretenu sur la vie de l’architecte et sur son œuvre, puis nous a raconté la petite (et la grande) histoire de la patrimonialisation du site; le tout avec passion, ferveur et émotion.

Barragán fut un architecte du paysage de génie et le premier architecte mexicain à introduire la couleur dans ses projets : la couleur du Mexique, les couleurs des marchés mexicains. Il dira que « la couleur est nécessaire pour ajouter une touche de magie à un lieu ».

Dans ses projets, Barragán voulait surprendre, laisser aller l’imagination; il était constamment à la recherche d’intimité et de calme favorisant la réflexion voire la méditation. Ceci se perçoit dans la maison par les différents espaces que Barragán conçoit.

Profondément religieux, Barragán aimait la simplicité et possédaient des comportements quasi-monastiques. Dans ses moments de détentes, il favorisait des rencontres amicales en groupe réduit afin de permettre une seule conversation harmonieuse. Cette œuvre traduit de façon magistrale tout l’être Barragán l’être créateur, l’être social et l’être solitaire (contemplatif, ascète, monastique, religieux).

Ayant vécu dans une hacienda dans sa jeunesse, il en a rapporté plusieurs des éléments que l’on retrouve dans ses projets : les grands jardins, les poutres de plafond en bois, les murs solides, l’omniprésence de la couleur, etc. C’est aussi de là que lui vient son attachement pour la nature et les chevaux qui se traduit de façon diverses dans ses projets. La présence d’eau dans ses réalisations est toujours fort marquée : fontaines, bassins, petits et grands, écoulement d’eau; tout comme les jardins luxuriants.

La maison-atelier Barragán sera pour l’architecte l’occasion de placer sous un même toit, tous les éléments constitutifs de sa pensée architecturale; une sorte d’extension métaphorique de sa propre personne.



L’atelier est un lieu en lui-même; la maison sépare subtilement les lieux propres à la socialisation (aux rencontres entre amis) et les lieux propres à la réflexion et au recueillement (l’individualité et l’intimité). La maison-atelier est un quasi-monastère.

Le jardin est présent mais demeure un mystère selon l’habituelle volonté de l’architecte; l’eau est tout aussi présente.

Du côté de la patrimonialisation, d’immenses efforts, échelonnés sur près de trois années, ont été fournis par un petit groupe de gens passionnés par l’œuvre de Barragán en général et par la maison-atelier en particulier. Ces efforts, appuyés par le gouvernement mexicain, ont servi à la préparation de la documentation requise pour obtenir sa patrimonialisation à l’UNESCO. Les documents complétés en 2004, ont été examinés par le comité d’experts de l’UNESCO (comité héritage) qui visita aussi les lieux avant de rendre à l’unanimité, la décision favorable à l’ajout de cette œuvre de Barragán sur la liste du patrimoine mondial le 2 juillet 2004.

Les critères d’inscription sont les suivants :
  • Critère (i) : La maison-atelier de Luis Barragán est un chef-d’œuvre des nouveaux développements du mouvement moderne, intégrant les courants traditionnels, philosophiques et artistiques en une nouvelle synthèse.
  • Critère (ii) : L’œuvre de Luis Barragán intègre des influences modernes et traditionnelles, synthèse qui a eu à son tour un impact important, notamment sur la conception des jardins et des paysages urbains.

Puisqu’il est interdit de prendre des photos de la maison-atelier de Luis Barragán, veuillez vous référer aux sites suivants pour en apprendre danvantage : http://www.casaluisbarragan.org/ et http://whc.unesco.org/fr/list/1136
Texte de Claude Hudon édité par Soraya Bassil