vendredi 20 août 2010

Deux œuvres de Luis Barragán

(jeudi 19 août 2010)
Mexico est un immense embouteillage sans fin dont on espère finir par sortir à la fin de la journée. Y trouver deux œuvres de l'architecte mexicain Luis Barragán (1902-1988) qui ont de forts liens avec le monde rurale est un peu surprenant. Les visites de cette première journée du voyage sont consacrées à deux œuvres de Barragán. La maison qu'il construisit pour lui-même et qu'il habitat de 1948 à son décès quarante ans plus tard fait partie de la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2004. C'est une maison qui avant d'être fonctionnelle fut conçue comme un lieu d'émotion. Située dans un quartier populaire et ouvrier, elle est totalement tournée vers la petite forêt que Barragán fit aménager dans la partie arrière du grand lot qu'il avait acquis et qui en occupe environ la moitié. L'intérêt de cette maison tient aux espaces discrets, presque intimes, dotés de vues vers le petit bois, ou simplement d'ouvertures lumineuses, qu'on retrouve partout dans la maison, en dialogue avec l'extérieur protégé. Dans cette mégalopole de 20 millions d'habitants, cette maison réussit à transmettre les émotions que Barragán est allé chercher dans le monde rural des haciendas de son enfance.



La maison Egerstrom, construite à la fin des années 1950, est quant à elle une véritable fermette moderne en milieu suburbain. Encore une fois, Barragán recrée d'une certaine manière son enfance dans une hacienda de la région de Guadalajara, d'où il origine. L'établissement abrite encore plusieurs des chevaux de la famille Egerstrom, les propriétaires; ces chevaux de course y vivent et s'y entraînent quotidiennement. L'intérêt ici est l'utilisation, pour un établissement rural, du vocabulaire architectural moderne utilisé ailleurs par Barragán : un parti-pris géométrique qui s'exprime dans les murs de béton aux riches coloris pour délimiter une cours en partie fermée; une maison cubique en béton blanchi; des vues qui alternativement enferment et ouvrent l'espace; mais aussi, une appropriation du langage des constructions rurales traditionnelles mexicaines, faisant largement usage du bois, surtout du pin.




Texte de Marc Doré
Photographies de Soraya Bassil et Marc Doré