dimanche 17 mai 2009

L'autre grand moderne de Marseille


La vieille ville de Marseille a subi trois vagues de démolition durant la Deuxième guerre. D'entrée de jeu, elle a d'abord été bombardée par les Italiens en 1940; les occupants allemands, sur l'ordre direct d'Hitler mais en accord avec les autorités françaises de l'époque, ont ensuite pulvérisé tout un quartier du Vieux-Port traditionnellement habité par les Juifs et les Romanichels; enfin, les bombardiers américains ont fait des trous énormes dans le tissu urbain en ratant des objectifs stratégiques pour l'armée allemande. Ceci expliquant cela, Marseille a maintenant dans son vieux quartier historique qui remonte à 600 ans avant JC un important bâti moderne, construit entre 1945 et 1975 et qui fait maintenant l'objet de considérations patrimoniales. Bref, des conditions objectives qui ont amené la mise en place d'une immense opération de reconstruction qui dura une dizaine d'années, jusqu'au milieu des années 1950. À côté des barres de béton érigées dans la grande plaine marseillaise – la plus connue étant évidemment la Cité radieuse de Corbu – ce sont les bâtiments de Fernand Pouillon construits sur le port qui sont les plus représentatifs de ce qui a été bâti à l'époque. Pouillon, qui choisit la pierre plutôt que le béton pour construire, fut un immense et controversé architecte-urbaniste-promoteur-constructeur, surtout actif à Marseille et à Aix-en-Provence. Éventuellement, ses initiatives controversées le menèrent en prison et au retrait de sa licence d'architecte. Aujourd'hui, on juge ses réalisations comme ayant particulièrement bien passé l'épreuve du temps, au moment où la Cité de Le Corbusier doit impérativement passer par des réparations coûteuses.

Marc Doré